À propos

L’origine de mon intérêt pour ce cas

Nous étions attablés en famille au restaurant et nous discutions de choses et d’autres quand à un certain moment, la conversation s’arrête sur le sujet des ovnis. La discussion suit son cours, nous évoquons des cas, nous nous racontons des souvenirs puis un des membres de ma famille souligne au passage une vague d’observations qui aurait eu lieu à Joliette dans les années 70. Cela pique ma curiosité. Une vague d’observations dans ma région1? Voilà qui n’est pas banal. Je m’attèle donc à la tâche afin d’en savoir un peu plus sur ce sujet. Je consulte les journaux locaux de l’époque, parcours les bulletins ufologiques et je lis quelques ouvrages pour rapidement me rendre compte que le dossier OVNI de Joliette est loin d’être insignifiant.

Pour nous en convaincre, jetons un coup d’œil à l’hebdomadaire L’Horizon, édition du 5 décembre 1973 :

« Dans la région immédiate de Joliette, le grand sujet de conversation est sans aucun doute la présence d’objets non-identifiés qu’on appelle dans le langage scientifique OVNI. Régulièrement, dans la carrière à ciel ouvert de la compagnie Domtar, des témoins auraient vu de ces objets mystérieux qu’on appelle soucoupes volantes… »

Jusqu’à présent le cas évoqué ne se démarque guère de d’autres signalements ufologiques qui peuplent notre univers contemporain depuis 1947. Bien que la mention soit brève et bien peu explicite (d’autres journaux ou articles spécialisés se chargeront de fournir plus de détails que j’aurai le plaisir de vous communiquer au fil de l’évolution de mon site), elle situe en peu de mots l’essentiel de l’intrigue qui se déroule à Joliette cet automne-là. Elle situe d’abord le principal lieu d’observation : la carrière Domtar (aujourd’hui connue sous le nom de carrière Graymont) et elle donne également des indices quant à l’ampleur que prend la rumeur. N’est-il pas dit qu’il s’agit du « grand sujet de conversation » signifiant par là que l’on ne parle que de cela ?

Mais la suite l’article est autrement plus intéressant :

« … et même, certaines, auraient vu de leurs yeux des hommes verts mesurant environ 4 pieds. ».

Voilà qui déclencha chez-moi un intérêt tout particulier, car si l’on en croit cet extrait, des gens auraient été en présence de créatures extraterrestres. Rien de moins. Faut-il le croire? Que s’est-il donc passé à Joliette en 1973 ? Avons-nous été envahis par des visiteurs d’outre-espace sans que nous n’en sachions rien ? Les journalistes se jouent-ils de nous en publiant de fausses informations ?
Pour le savoir, il ne nous reste qu’à enquêter, c’est-à-dire, à nous plonger dans les documents et à questionner les témoins de l’époque. Au final c’est dans l’aventure passionnante de l’ufologie québécoise que nous sommes conviés. Histoire négligée, à tort, parce qu’elle nous confronte à notre humanité profonde, celle de croire ou de ne pas croire, celle de voir ou de refuser de voir, en somme, celle d’être ce que nous sommes : des êtres qui se questionnent quant à leur place dans l’univers aux risques et périls de leurs mythes qui pourtant les rassurent, mais jamais ne les satisfont.

Un peu sur moi

Mon nom est Jonathan Laporte, j’ai fait un bac en histoire et une maîtrise en bibliothéconomie et d’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours eu une fascination pour les anomalies scientifiques et les parasciences. J’ai côtoyé divers groupes ufologiques, rencontré plusieurs témoins ayant vu des ovnis, fait de nombreuses lectures sur le sujet en plus d’avoir mené des entrevues auprès d’experts d’ici et d’ailleurs (avec Don Donderi, David Jacobs, Marc St-Germain pour ne nommer que ceux-là).

Mon approche est ethnohistorique du fait qu’elle questionne autant les pratiques des divers intervenants qui gravitent autour de l’ufologie, mais également en ce qu’elle interroge la généalogie du phénomène. À la manière de Bertrand Méheust, je me demande toujours pourquoi les sciences humaines boudent autant l’ufologie alors qu’anthropologues et ethnologues font oeuvre de science en observant les pratiques magiques de tribus lointaines. Pourquoi est-ce que la curiosité sur le rééenchantement d’ici agace autant alors que l’étude des fantaisies d’ailleurs relève quant à elle d’un savoir légitime?

Je me demande également pourquoi l’ouvrage de Thierry Pindivic Ovni : vers une anthropologie d’un mythe contemporain a aussi peu attiré l’attention au Québec auprès des ufologues. Il décrit pourtant tous les écueils des ufologues enthousiastes qui ne questionnent pas assez la validité préalable de leur objet de recherche. J’ai enfin beaucoup d’admiration pour le sociologue des sciences Pierre Lagrange qui a légitimé les parasciences comme objet d’étude .

C’est donc inspiré par Méheust, Pindivic et Lagrange que je me suis lancé dans l’aventure des parasciences en adoptant une approche irréductionniste du phénomène ovni, c’est-à-dire sans vouloir tenter de le « réduire » à tout prix ou à vouloir le disqualifier d’avance. C’est de cette façon que l’on peut approcher au plus près de la vérité. Plusieurs décident a priori de « croire » ou de « ne pas croire », mais c’est à défaut d’avoir véritablement fait l’effort d’essayer de savoir et de comprendre.

Selon moi, cet événement recouvre une histoire fort passionnante qui touche tout à la fois nos croyances et nos malaises, mais éveille également notre légitime curiosité quant à notre véritable place dans le monde.

1 – Je suis originaire de St-Félix-de-Valois.

Vous avez été témoin?